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BALAOO

C’était un pied long au talon fort, au gros orteil développé. Ces détails étaient visibles, bien que les pieds ne se fussent point posés là tout nus, mais habillés de chaussettes. L’homme qui s’était promené au plafond avait pris la précaution, pour ne point faire de bruit, de retirer ses chaussures : et il les avait certainement enlevées avant d’entrer dans la maison, car les chaussettes s’étaient imprimées au plafond, toutes humides encor du terreau noir sur lequel, dehors, il avait dû marcher.

Par places, on distinguait le treillis de la grosse laine et les raccommodages. M. de Meyrentin les indiquait du doigt à M. Jules. Les « reprises », au lieu d’être correctement faites, présentaient un grossier « surjet » très spécial : espèce de pièce rapportée au talon, ronde et large comme une pièce de cent sous, et « surjetée » à la diable tout autour.

— Farce ou non, fit M. de Meyrentin, avec une trace pareille, celui qui l’a laissée la paiera de sa tête !…

Et il sauta sur le plancher où il fit plusieurs tours sur lui-même, tant il était content.

— Messieurs ! annonça-t-il le plus sérieusement du monde. Nous allons chercher l’Homme qui marche la tête en bas !

— Comment qui fait pour boire ? interrogea à mi-voix Michel, le conducteur de la diligence des Bois-Noirs, qui venait d’arriver et dont on entrevoyait la casquette prudemment penchée à la porte de l’office.

Heureusement le juge ne l’entendit pas. Il avait demandé à Roubion s’il ne savait point, quelque part autour de l’auberge, du terreau noir. Roubion le conduisit sur les derrières du bâtiment, du côté de l’école communale, et, là, ils purent relever distinctement, au milieu de la