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BALAOO

— Vous étiez entré dans l’auberge avec un bandeau sur le front et, pour se coucher, Blondel s’était mis, lui aussi, un mouchoir autour du front ?

— Oui, monsieur…

— Êtes-vous bien sûr d’avoir entendu votre nom prononcé dans le plafond ?

— Hélas ! oui, monsieur, très distinctement…

— Attendez !… Attendez ! Dans l’état où vous étiez, vous ne pouviez pas bien vous rendre compte… Vous parlez d’un souffle énorme, d’une respiration monstrueuse au milieu de laquelle vous auriez entendu prononcer votre nom : Patrice !… Êtes-vous bien sûr que c’est la respiration qui a parlé… car il y avait dans le plafond la respiration et le pendu… ; c’est peut-être le pendu, c’est peut-être Gustave Blondel qui, vous sachant à côté de lui, râlait un dernier appel : « Patrice ! »

— Monsieur, c’est invraisemblable. Il eût appelé : « Au secours ! » et non « Patrice ». Je connaissais peu M. Blondel. Il ne m’aurait pas appelé par mon petit nom !

— C’est assez juste, acquiesça M. de Meyrentin, de plus en plus énervé, car l’interrogatoire du témoin semblait aller à l’encontre d’une certaine idée qu’il avait depuis quelques jours sur les crimes de Saint-Martin-des-Bois.

— C’est tout à fait juste ! reprit-il après un silence… Donc c’est la respiration (je donne ce nom à la chose du plafond que vous n’avez pas vue, mais entendue) c’est-à-dire l’assassin qui parle !… Et l’assassin a un souffle énorme, ce qui vient évidemment de la difficulté qu’il a à respirer la tête en bas. Et l’assassin dit : « Patrice ! » Et sur quel ton, dit-il « Patrice » ?