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BALAOO

— S’il a tonné ?… Mais je pense bien qu’il a tonné !… J’ai cru que le tonnerre était tombé sur la maison !

Madeleine était devenue rouge jusqu’à la racine des cheveux ; Coriolis la menaçait de son index sévère :

— Tu as tort, Madeleine !… Tu sais que je n’aime pas ça !… Où irions-nous si je t’écoutais…

— Mais, papa, moi, je t’assure que je n’ai pas fait attention au tonnerre… ce doit être à cause du coup de fusil d’un des albinos qui m’a bien effrayée…

— Encore Élie, sans doute… bougonna Coriolis…

— Oui, papa, Élie… Il a eu le toupet de tirer un merle dans le jardin, pendant que nous y étions !…

— Le voilà ! dit Patrice en montrant l’oiseau qu’il avait apporté.

— Le bandit !… murmura l’oncle… Il faudra que je lui dise « d’aller garder notre gibier » un peu plus loin, s’il lui plaît… On voit trop sa figure à celui-là depuis quelque temps…

Madeleine, dont l’embarras n’avait pas cessé, dit :

— Tu as bien raison, papa, mais je le lui ai fait déjà dire par Zoé.

— Qu’est-ce que tu lui as fait dire ?…

— Qu’il aille chasser un peu plus loin… que ses coups de fusil me faisaient peur… Il a fait répondre par sa sœur qu’il veillait sur nous de plus près, parce que, depuis les assassinats, le pays n’était pas sûr…

— Et, qu’est-ce que tu as répondu, toi ?

— Rien ! je lui ai fait porter un litre de rhum. Il y avait longtemps qu’on lui avait donné quelque chose.

— Tu as bien fait, Madeleine !… Encore un peu de patience avec tous ces vauriens… Tu n’as pas dit à Patrice ?…