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BALAOO

— Non, papa, je ne lui ai rien dit, répondit, avec un aplomb enchanteur, la jeune fille…

Patrice pensa : « Comme elle ment !» Et il ne la trouva que plus charmante.

— Eh bien ! apprends-lui que nous allons prochainement nous installer à Paris… Oui, mon cher Patrice, à Paris…

— Vous avez donc fini de travailler la plante à pain, mon oncle ?

— Oui, mon neveu, elle est majeure !… Allez faire un petit tour avant le déjeuner… J’ai un mot à dire à Noël…

Les jeunes gens quittèrent le verger… Patrice fut étonné, en repassant auprès de Noël, de voir le pauvre garçon trembler comme une feuille. Cinq minutes plus tard, comme Patrice et Madeleine entraient dans la cuisine de Gertrude pour s’intéresser au déjeuner, ils entendirent de lointains et terribles cris de désespoir.

— Qu’est-ce que c’est ? interrogea Patrice, en frissonnant.

— Rien, fit Madeleine, la bouche un peu pincée… C’est Noël qui aura fait encore quelque bêtise et papa le corrige.

Patrice, étonné, tourna la tête du côté de la vieille Gertrude et vit qu’elle pleurait :

— Mon Dieu ! il va le tuer ! fit-elle en se mouchant… ça n’est pas raisonnable de battre un grand garçon comme ça…

— C’est extraordinaire !… dit Patrice, outré, et jamais je n’aurais cru que mon oncle…

— Ton oncle sait ce qu’il a à faire avec un vaurien comme ce Noël, répliqua Madeleine. Il n’y a pas d’autres façons de se faire obéir des boys d’Extrême-Orient, et puis papa