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LE CRIME DE Mlle  HÉLIER
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rière elle ses fantômes… Mais je te prie de croire qu’elle ne les amènera plus ici !… Oui, j’ai donné des ordres, petit tchéri… le parc, le château seront fermés, maintenant, comme une forteresse… Nous ne la recevrons plus !… qu’elle aille se faire soigner ailleurs !… Du reste, je suis d’avis que tu prennes dès demain des dispositions pour que nous puissions nous absenter quelques semaines. Un bon voyage nous fera du bien, petit tchéri !…

— C’est cela ! C’est cela !… Tu as raison !… Tu as raison !… je n’osais pas te le proposer. Allons-nous-en !… allons-nous-en !… Tiens ! cette idée me remet tout à fait d’aplomb !… La bonne idée !… Je vais me lever !… Je te dis que je vais me lever !… je vais travailler à mon bureau, jusqu’au jour !… Il faut que nous puissions partir demain, avant le soir… je ne veux pas passer une nuit de plus dans ce château, depuis qu’elle y a traîné derrière elle, comme tu dis, ses fantômes !… Allons-nous-en !… »

Et il se leva, s’enveloppa d’une robe de chambre, embrassa Fanny, ayant recouvré soudain, à la perspective de ce départ, tout son sang-froid et tout son équilibre… Il se mit même à plaisanter devant tout le luxe de lumières…

« Nous sommes décidément toqués ! fit-il. C’est ce coup du « cadavre dans la malle » qui nous a démolis… Moi, j’en ai eu comme le cœur et les jambes cassés en même temps !… Et, ma foi, c’était assez bête !… Elle a entendu vingt fois parler par Moutier de la malle de