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UN DÉPART PRÉCIPITÉ
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enfin survenue, conduite par Jacques qui apercevait tout de suite Fanny derrière sa vitre, et lui envoyait des baisers.

Il rentra l’auto lui-même dans le garage au-dessus duquel se trouvait justement leur appartement.

Il avait sauté de la voiture, ouvert les portes du garage avec une ardeur juvénile, une sûreté de mouvements, une joie de vivre parfaite et, là-haut, Fanny s’était mise à rire, à rire, à rire… comme, tout à l’heure, elle avait tremblé de peur, sans savoir pourquoi… Peut-être tout simplement parce qu’elle avait remarqué qu’il y avait toujours sous la bâche, derrière l’auto, une grosse masse sombre et qu’elle avait pu craindre que ce fût toujours là la malle d’André et qu’André ne fût pas parti… imagination qui, évidemment, était bien faite pour lui secouer les nerfs…

« Suis-je bête ! se disait-elle. Suis-je bête… Jacques aura rapporté quelque chose de Paris ?… »

Cinq minutes plus tard, Jacques était dans ses bras.


« Alors, ça y est !… Il est parti ?… Pour longtemps, dis ?… Raconte, petit tchéri, raconte !… »

Mais Jacques n’avait rien à dire que ceci : André avait pris le train de Bordeaux et toutes les paroles qu’il avait prononcées durant le court voyage laissaient à entendre que son absence durerait au moins un an, deux ans