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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/30

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

peut-être. Une active correspondance devait être échangée entre les deux frères.

« Aussitôt arrivé en Amérique, il doit m’écrire longuement et, sans doute, alors consentira-t-il à nous expliquer sa conduite. »

Après quoi, Jacques avait déclaré qu’il mourait de faim, que la douleur de cette séparation l’avait sérieusement « creusé », et qu’il mangerait bien la moitié d’un poulet froid arrosé d’une bonne bouteille de bourgogne.

La bonne bouteille, il se chargeait d’aller la chercher lui-même. Il prit ses clefs et descendit à la cave.

Fanny se rappelait avec quelle vivacité Jacques avait dévoré ce matin-là et avec quelle… facilité il avait vidé sa bouteille, lui ordinairement si sobre… Il avait eu l’occasion, sur une question de sa femme, de répondre aux préoccupations de celle-ci relatives à la grosse masse sombre… c’était un panier de manchons qu’une grande maison de Paris avait refusés à cause d’un défaut de confection et qu’il avait rapporté lui-même de leurs magasins de la rue de Rivoli…

Enfin, il s’était levé, avait serré longuement sa femme dans ses bras, et s’était écrié : « À l’ouvrage ! » Il descendait aussitôt à l’usine.

Jamais il ne lui avait donné une pareille impression de santé et de force.

Dans le pays et à l’usine, tout le monde fut stupéfait du brusque départ d’André, mais l’étonnement arriva à son comble quand, au bout de trois mois, l’absent n’eut pas encore donné de ses nouvelles. Jacques, sur le conseil