Mlle Hélier, dont la figure avait repris cet air hermétique qui se répand ordinairement sur le visage des vivants quand ceux-ci interrogent sérieusement les morts.
Et, en vérité. Mlle Hélier faisait toute chose sérieusement… Combien sérieusement venait-elle de placer trois chaises autour du guéridon d’acajou !…
Jacques et Fanny avaient bien envie de pouffer de rire, mais ils tenaient trop à assister à la séance jusqu’au bout pour se laisser aller à cette manifestation intempestive.
Du reste, ils ne tardèrent pas à être impressionnés eux-mêmes par l’apparition, dans le cercle de lumière falote, de la figure douloureuse de Marthe et de celle du docteur, lequel semblait étudier sa malade avec une curiosité aiguë.
De toute évidence, le savant était beaucoup plus préoccupé par le diagnostic qu’il lui serait peut-être possible d’émettre à la suite de cette exceptionnelle expérience, que par l’évocation prochaine des esprits.
Marthe semblait souffrir réellement.
Elle se laissait conduire sans résistance par l’institutrice, obéissant à ses moindres gestes, tombant sur sa chaise, allongeant au-dessus de la table ses mains diaphanes ; Mlle Hélier lui fit écarter les doigts.
Puis l’institutrice s’assit à son tour et le docteur en fit autant. Eux aussi allongèrent les mains.
Dans cette lumière avare, les deux silhouettes fantomatiques, aux gestes de rêve, de Marthe