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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/350

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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

sâmes le pas et dix minutes plus tard, nous nous retrouvions sur le dessus de la terre. Je soupirai avec satisfaction. Vraiment, cette promenade de trois semaines à l’envers de Paris n’avait pas été vieux jeu du tout. Oh ! ces catacombes ! ce peuple de Talpa ! Ces canards aveugles ! Ces aselli aquatici ! Ces concerts de silence et enfin ces concerts de musique !…

» — Je vous avais bien dit, fis-je à Théophraste, que nous en sortirions ! Mme Mifroid va être bien contente de me revoir !…

» — Tant mieux, monsieur Mifroid, tant mieux pour vous et pour elle !…

» Théophraste était bien triste, bien triste.

» Je lui dis :

» — Jamais je n’aurais cru qu’il se passât tant de choses dans les catacombes[1].

  1. L’auteur de ces lignes, après avoir compulsé les différents mémoires qui ont été publiés sur le laboratoire des catacombes et sur les travaux de Milne-Edwards, après avoir constaté que M. Mifroid ne se moquait de personne avec ses canards aveugles, et ses groins et ses Talpa et racontait l’exacte vérité possible, à moins de refuser toute autorité à Arago lui-même, fut un peu étonné de se trouver en face de cette partie du mémoire de M. Mifroid où il est question du concert donné par les musiciens de l’Opéra ossuaire. Ceci dépassait de beaucoup en fantastique tout ce que M. Mifroid avait raconté jusqu’alors, car les catacombes sont propriété de la Ville de Paris, et les portes en sont rigoureusement closes ; elles ne s’ouvrent qu’une fois le mois aux visiteurs munis du laisser-passer de la préfecture, et le viol nocturne de l’immense fosse par les rires alcooliques des cocottes du quartier et les violoneux d’opéra lui semblait impossible.

    Ayant rencontré dernièrement un haut fonctionnaire de la police, il l’entretint de la question et lui demanda si, en son âme et conscience, il pensait que M. le commissaire de police Mifroid était capable de raconter un événement impossible. Le haut fonctionnaire lui répondit en son âme et conscience qu’il ne le croyait pas, et il demanda à son tour de quel événement il s’agissait. « D’un concert dans les catacombes », fit l’auteur de ces lignes. « — Monsieur, répondit le haut fonctionnaire, c’est si peu impos-