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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/43

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LA MACHINE À ASSASSINER
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dernière heure venue, on accomplit des choses surhumaines) :

— Vous pouvez compter sur moi, monsieur ! Je ne dirai rien. Je vous ai juré le silence. Je suis un pauvre herboriste… que faut-il pour votre service ?

Et autres bouts de phrases de ce genre, qui attestaient que Gabriel n’avait pas en face de lui un adversaire bien redoutable. Pas même un adversaire. Et peut-être même un ami.

L’autre tira de sa poche son petit carnet et se mit à écrire.

M. Birouste jeta un rapide coup d’œil du côté de Mlle Norbert, toujours étendue sur son lit.

Les yeux de Christine appelaient toujours au secours !… et avec une telle éloquence que M. Birouste, qui n’était point un méchant homme, détourna la tête pour ne plus voir cette détresse qui lui faisait d’autant plus de peine qu’il était bien décidé à ne pas la secourir…

Quand il eut fini d’écrire, Gabriel tendit à M. Birouste son petit papier. L’herboriste tressaillit encore jusque dans les moelles… Ah ! il n’y avait pas de doute ! Il n’avait point rêvé… c’était bien là la longue écriture bâtonnante, combattante, chevauchante et zigzagante de Bénédict Masson !… Elle n’était point brouillée, naturellement, de toutes les teintes de l’arc-en-ciel… mais, en dépit de son unique couleur violette, on ne pouvait s’y tromper !… Et voici ce que M. Birouste lut :

« Cette demoiselle va mieux… Elle est tout à fait réveillée… Je désire que vous me procuriez immédiatement ce qu’il faut pour la rendormir, pendant au moins douze heures… »

— Bien ! bien !… fit entendre M. Birouste avec un empressement qui prouvait son zèle à servir un client