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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/109

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LA POUPÉE SANGLANTE

Il porte sous le bras une grande boîte enveloppée dans une gaine de cuir…

Il a l’air de l’aide du bourreau.

On devait l’attendre chez les Norbert, car il n’a pas eu à frapper à la porte, qui s’est ouverte devant lui et qui a été refermée aussitôt…

Vous pensez si j’ai grimpé là-haut !

On a l’air très affairé dans la maison… Plusieurs fois j’ai vu Christine traverser le jardin. Elle était vêtue d’une grande blouse blanche comme une infirmière… Elle s’entretenait vivement et à voix basse avec son fiancé qui, lui aussi, avait la blouse des infirmiers.

Jacques avait l’air de la réconforter, car elle paraissait très agitée…

Ils disparurent derrière le petit pavillon à droite.

Je n’aperçus point le nouveau personnage, pas plus que le vieux Norbert, du reste.

Une heure se passa ainsi, dans le plus grand silence ; de la lumière brillait à droite, au rez-de-chaussée du pavillon, entre les lamelles des persiennes…

Soudain le même tourbillon noir que j’avais vu sortir de la cheminée, certain soir, et se répandre comme un voile funèbre sur tout l’île monta au-dessus du toit… et la même épouvantable odeur vint affreusement me surprendre à ma lucarne.

Cette nuit-ci, il n’y avait pas de vent. La chaleur était étouffante et cette odeur maudite s’appesantissait sur vous à vous faire pâmer d’horreur.

Tout à coup les persiennes s’ouvrirent au rez-de-chaussée du pavillon et, dans une lueur de sang creusée d’ombres comme une gravure de Goya, surgit devant moi un spectacle que je n’oublierai jamais.

Un grand fourneau aux expériences, sur la