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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/144

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LA POUPÉE SANGLANTE

Elle était retombée tout près de moi… et ce fut elle qui, cette fois, posa sa main sur la mienne (et combien étaient-elles brûlantes toutes les deux)… Ma bien-aimée paraissait affreusement accablée… Enfin, elle prononça avec effort :

— Et qu’avez-vous pensé en voyant mon père ?…

— Votre père, fis-je, a été violent et j’ai bien cru que c’en était fait de Gabriel !… Toutefois, cet acte sauvage avait une excuse… tandis que le fait pour une jeune fille, qui a tous les dehors de la vertu, de cacher le beau Gabriel dans son armoire…

— Assez ! assez ! murmura-t-elle… Et si vous ne voulez point que je vous haïsse, non seulement vous allez cesser cette raillerie infâme, mais encore vous allez me jurer d’oublier tout ce que vous avez vu, vous !… Ne vous demandez même pas ce que Gabriel fait chez nous, ni le sens du drame auquel vous avez assisté… D’autres que vous ont entrevu notre hôte… notre femme de ménage, par exemple, et je sais qu’on en a parlé chez Mlle Barescat… Aux dernières nouvelles, on dit que c’est un étranger proscrit et condamné par le parti qu’il aurait trahi… Ce sont des histoires… nous n’avons de renseignements à fournir à personne, qu’à la police… si elle nous en demande, mais je ne vous cache pas que nous avons un intérêt immense à ce que la police ne franchisse notre seuil que le plus tard possible… Si cela arrivait, à elle aussi nous demanderions le secret jusqu’au jour… jusqu’au jour, mon ami, qui n’est peut-être pas très lointain, où je pourrai tout vous dire !… Puis-je compter sur vous, mon ami ?

— Mais comment donc ?… mais comment donc ? Cet homme, après tout, n’est pas à plain-