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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/227

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LA POUPÉE SANGLANTE

en se levant, nous aussi allons quitter ce pays… nous n’avons plus rien à y faire !… et nous allons essayer de l’oublier !…

— Va-t’en donc ! lui répliqua-t-elle d’un air sombre… Moi, je reste !

— Tu restes ici ?… mais pourquoi ?…

Elle s’était approchée de la fenêtre et, à travers les persiennes, considérait quelque chose, ou quelqu’un, avec une attention farouche.

— Vois ! dit-elle.

Il pencha la tête.

— Je t’en ai assez parlé pour que tu les reconnaisses !

— Sangor et Sing-Sing.

— Oui, Sangor et Sing-Sing !… Ils ne sont pas partis, eux !… et tu veux que je m’en aille !… ajouta-t-elle frémissante…

— Christine ! explique-toi… je ne te comprends pas !…

Elle haussa les épaules.

Et, dès lors, elle agit comme s’il n’était pas là !…

Elle quitta ce salon, passa dans une autre salle… Il la suivait, renonçant à l’interroger… Ils traversèrent ainsi une partie du rez-de-chaussée… Le château paraissait désert, abandonné… Toute la domesticité quelque part, dans les sous-sols, devait faire ripaille, comme il est de coutume après ce genre de cérémonie…

Ils parcoururent des pièces immenses qui avaient conservé le cachet des siècles, meublés de bahuts d’un prix inestimable, de coffrets sculptés, aux ferrures ciselées, de hautes chaises datant du règne de François Ier, d’immenses cheminées Renaissance, merveilles à peine éclairées par le demi-jour qui glissait à travers les persiennes, et ils arrivèrent dans un vestibule dont elle gravit,