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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/114

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LE CHÂTEAU NOIR

Et cependant, ce qu’elle avait dû être tentée, dans le noir… dans le noir dans lequel il l’avait laissée… dans le noir où elle aurait pu, à son gré, torturer Gaulow…

« Petit Zo, avait-elle murmuré, vous pouviez être tranquille… Vous m’aviez laissée sans lumière… Quand je tuerai Gaulow, je veux le voir mourir, moi !…

— En attendant, nous le gardons vivant ?

— Oui, fit-elle… ma foi, oui !… en attendant… en attendant que nous ayons bien songé à son supplice !…

— C’est cela !… Songez-y encore trois ou quatre jours, avait répliqué Rouletabille, et après vous en ferez ce que vous voudrez !…

— J’espère que vous avez un autre cachot que celui-ci…

— Oui, à côté ; ce ne sont pas les cachots qui manquent à la Karakoulé et nous en choisirons un dont les barreaux ne laissent évader ni les morts, ni les vivants !…

— Et qui le gardera, nuit et jour ?

— Le katerdjibaschi !… avait-il répondu. Oui, nous avons avec nous un chef de muletiers… qui a eu quelques parents occis par les Pomaks… Il le gardera bien, allez !…

— Surtout, qu’il n’y touche pas !… Il m’en répondra sur sa tête !…

— Entendu !… »

Et ils étaient remontés dans le donjon où Vladimir la reçut avec mille compliments, et où elle voulut tout voir, tout connaître, tout inspecter avec Rouletabille.

Le reporter avait placé ainsi son monde : le katerdjibaschi dans le souterrain, Modeste dans la salle des gardes, avec la mission, pour se tenir éveillé, de creuser de la pointe de son couteau deux petites meurtrières dans le bois dur de l’énorme porte qui fermait cette salle, du côté du pont-levis, du temps où il y avait un pont-levis.

Au premier étage, il mit La Candeur et Vladimir, chacun à une meurtrière qui commandait le chemin de ronde : au deuxième, il tenta encore d’entrer en correspondance avec les Allemands, mais ne réussit qu’à s’atti-