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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/115

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LE DONJON ASSIÉGÉ

rer une bordée d’injures. Moins que jamais ils ne voulaient parler à quiconque en dehors de leur consul. Puisqu’il était impossible de s’entendre avec eux et qu’ils pouvaient devenir, par leurs lubies, dangereux pour les défenseurs, Rouletabille fit condamner leur porte avec des madriers et les enferma chez eux comme dans une boîte.

Au troisième étage, il y avait deux chambres. Rouletabille les donna à Ivana, en se réservant cependant la permission de venir à toute minute dans l’une d’elles, d’où il pouvait surveiller à peu près tout ce qui se faisait dans la Karakoulé.

Au quatrième étage, c’était la plate-forme du donjon entourée de ses hauts créneaux. Cependant, si haute que pût être cette plate-forme, elle n’était guère plus élevée que la plate-forme de la tour de veille (qui se trouvait à une centaine de mètres de là) et cela à cause des différents niveaux du roc sur lequel avait été bâtie la Karakoulé. Le séjour de la plate-forme du donjon était donc assez dangereux puisqu’on y pouvait recevoir tout le feu de la tour de veille. Heureusement, l’étroit escalier qui conduisait au haut du donjon débouchait sur la plate-forme sous une espèce de petite échauguette de pierre dans laquelle une sentinelle pouvait tenir à l’aise et surveiller tout le côté Ouest et Sud-Ouest, des murs et des fossés de la Karakoulé.

Pour voir les côtés Est et Nord, il fallait sortir de cette guérite et s’avancer sur la plate-forme, mais en se glissant à genoux derrière les créneaux, on pouvait espérer d’échapper au feu de la tour de veille, pour peu qu’on fût agile.

Dans l’échauguette, Rouletabille mit Tondor.

Tondor, de cet endroit, dominait directement les murs qui plongeaient dans le gouffre du torrent depuis que la chute de la tour de l’Ouest avait fait monter les eaux et rendu impraticable le chemin de la corniche. Si, par la petite fenêtre de son cachot, Gaulow eût été capable de