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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/116

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LE CHÂTEAU NOIR

s’enfuir après avoir échappé au katerdjibaschi, il eût encore eu affaire au feu de Tondor.

Ainsi surveillé et bien défendu, le donjon était plus inaccessible que bien des « forts Chabrol » qui arrêtèrent devant leurs frêles murailles, pendant des journées historiques, la force publique.

Ici la maçonnerie avait une épaisseur d’au moins quatre mètres. Le seul point vulnérable était la porte de la salle des gardes, mais encore quelle porte ! et en tout cas fallait-il y parvenir ! Un fossé profond de six mètres entourait le donjon et le pont-levis était en miettes !…

Les premières lueurs du jour commençaient d’allumer les cimes de l’Istrandja-Dagh quand Rouletabille se retrouva dans les chambres du premier étage où il venait de faire le compte des munitions. Tant avec les revolvers qu’avec les carabines à répétition, les assiégés avaient huit cents coups à tirer. Ce n’était pas beaucoup. Mais ce n’était pas rien.

« Voilà bientôt l’heure du déjeuner, dit Rouletabille à La Candeur ; nous allons en profiter pour faire le compte de nos provisions de bouche. Nous aurons toujours de quoi nous nourrir pendant quatre jours, en nous serrant un peu le ventre, mais à la guerre comme à la guerre !… À propos, qu’est-ce que c’est que cette histoire de « déjeuners du cycliste » que Vladimir a refusés à ce pauvre Athanase ? Je sais bien que nous ne sommes pas riches, mais ce n’était guère charitable. Eh mais !… s’écria-t-il tout à coup, il ne serait pas arrivé malheur aux « déjeuners du cycliste » ? J’en avais confié une pleine valise à Vladimir !…

— Je m’en vais aller le lui demander, » fit avec un grand empressement La Candeur, que tous ces préparatifs de guerre semblaient avoir rendu de plus en plus mélancolique.

Et il se précipita dans l’escalier en appelant Vladimir qui, justement, était descendu faire un petit tour dans la salle des gardes, bien qu’il eût reçu l’ordre de ne pas quit-