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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/132

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LE CHÂTEAU NOIR

— Eh ! eh !

— Je vous répète que je tiendrai cette parole !…

— Ivana ! Ivana ! Je ne vous reconnais plus !…

— N’est-ce pas ? Je me civilise ?… Enfin, qu’allez-vous faire ?…

— Essayer de parlementer tout de suite, ma chère Ivana, avec l’aide de Vladimir… mais, croyez-moi, même si on nous laisse sortir, ne sortons qu’à toute extrémité… Vous me dites que vous tiendrez votre parole !… mais rien ne me dit qu’ils tiendront la leur…

— Que ferons-nous si nous restons ici ? Vous n’avez aucune provision de bouche ?

— Nous jeûnerons pendant quatre jours ; j’aime mieux jeûner pendant quatre jours derrière ces murs que manger à ma faim dans un pays où nous pourrons être assassinés à chaque pas que nous ferons !…

— En somme, vous trouvez mauvais que j’aie négocié notre libération !…

— Je trouve, ma chère Ivana, répondit d’une voix grave Rouletabille, je trouve que vous avez agi un peu trop tôt et que c’est surtout la libération de Gaulow que vous avez négociée… » ajouta-t-il tout à coup en la regardant bien en face…

Elle détourna la tête en se mordant les lèvres et fut quelques instants sans répondre.

« C’est bien, finit-elle par dire : admettez que je n’aie point traité avec Gaulow et n’en parlons plus !

— Non point ! non point ! fit Rouletabille. Nous sommes en pleine diplomatie, restons-y !… C’est-à-dire prenons certaines précautions, sans prendre aucune définitive résolution. Il n’est point mauvais que ces gens sachent que nous avons Gaulow avec nous et, même s’ils s’en doutent, il est bon qu’ils en soient sûrs !… Et, en resterons libres, nous autres, de l’exécuter à notre heure… À propos, quelle heure est-il ? »

Et il tira son oignon :