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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/143

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LA CHANSON DE LA MARITZA

— Et, là où il y a échauffement, les tissus, qui ont arrêté la balle, prennent feu !

— Oui ! oui ! oui !

— Et la cuirasse brüle !…

— C’est dommage !…

— N’est-ce pas, monsieur ? Voilà pourquoi je vous disais que l’usage de cette cuirasse demandait quelque expérience et qu’il faut savoir s’en servir…

— Alors, quand elle brûle, qu’est-ce qu’on fait ?

— Monsieur, il y a deux écoles. D’après la première, on s’en débarrasse… mais il faut la détacher avec adresse, car la cuirasse brûle assez rapidement…

— Et d’après la seconde ?

— Ah ! d’après la seconde, on l’éteint ! et ce procédé est de beaucoup le meilleur, car si on l’éteint assez vite, la cuirasse peut resservir…

— Monsieur Vladimir Pétrovitch, je ne voudrais point vous humilier, mais je préfère aller voir ce qui se passe sur la plate-forme du donjon sans cuirasse qu’avec votre cuirasse…

— Monsieur Rouletabille, ceci est mon affaire… Je ne vous demanderai qu’une chose, c’est de garder près de vous ce seau d’eau que je viens de monter et qui pourra vous servir à m’inonder dans le cas où ma cuirasse aurait été touchée par quelque projectile. »

L’enragé Slave tenait à prouver l’utilité de son invention, et quand Rouletabille, à midi moins cinq, s’élança à quatre pattes sur la plateforme, il le suivit dans son curieux accoutrement.

Le dieu des batailles, de la jeunesse et de l’amour veillait sur eux ; ils purent atteindre l’extrémité opposée du donjon sans être atteints par les balles qui avaient salué leur brève apparition, Dissimulés maintenant entre deux créneaux, ils étaient à peu près à l’abri.

Cependant Rouletabille, la jumelle braquée sur les monts, n’apercevait rien de ce qu’il cherchait, bien qu’à cette minute le temps fût devenu clair, le voile de nuées