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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/144

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LE CHÂTEAU NOIR

qui cachait à demi le paysage s’étant déchiré sous l’action du vent du Nord.

Donc Athanase n’apparaissait pas, ni rien qui pût ressembler à Athanase. Midi, midi cinq… midi dix… rien encore !…

Fallait-il perdre tout espoir ?… L’aventure devenait terrible si Athanase ne se montrait pas !… Du moment qu’il n’avait pu réussir à passer au travers de ce pays ennemi qu’il était seul à connaître, qui donc pourrait, avec quelque chance de succès, tenter à nouveau le dangereux voyage ?… Il n’y avait pas à se le dissimuler… si Athanase ne surgissait point dans le champ de la jumelle, Rouletabille pouvait en conclure que tout était fini, et qu’il ne leur restait plus, à lui et à ses compagnons, qu’à se préparer à bien mourir. Le donjon de la Karakoulé serait leur tombeau !… »

« Monsieur ! fit entendre Vladimir… je ne vois rien non plus… aucun être humain sur ce triste rocher… Il n’y a pas à confondre… Cependant, je vous ferai observer, car j’ai de très bons yeux, que nous n’apercevons la cime que d’un côté assez restreint… il faudrait un peu avancer sur notre droite…

— Je veux bien, dit Rouletabille, mais nous allons être exposés, par derrière, aux balles…

— Monsieur, ne vous occupez pas de ça… je glisse ma cuirasse par derrière jusqu’au-dessus de ma tête, de façon à me garder la tête et le dos. Je me mets derrière vous et je vous protège !… »

Rouletabille appuya un peu à droite et découvrit en effet un coin de la montagne qu’il n’avait pas aperçu… et là, à cet endroit du roc, il distingua un point… un point qui se mouvait, qui grimpait… mais était-ce Athanase ?…

« J’aperçois quelque chose… mais je ne suis sûr de rien, dit-il… Il faudrait tenir là quelques secondes… »

Les balles sifflaient autour d’eux, ricochaient sur les murs…