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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/145

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LA CHANSON DE LA MARITZA

« Nous tiendrons, monsieur, nous tiendrons, j’en fais mon affaire !… Regardez tranquillement… Prenez votre temps ! ne vous pressez pas !…

— Ah !… c’est bien un homme !… Ah ! il s’arrête…

— Et d’une !… fit soudain Vladimir.

— Quoi donc ? demanda Rouletabille…

— Rien, monsieur, c’est une balle qui vient de m’entrer dans le dos !

— Malheureux !…

— Mais non !… dans le dos de ma cuirasse… et de deux ! et de trois !… et de quatre !… Brr ! Dépêchez-vous, je sens que je chauffe !… »

Mais Rouletabille s’écriait :

« C’est lui !… Il agite le drapeau blanc ! Il a réussi !…

— Eh bien, mais en ce cas, sauvons-nous !… Nous n’avons plus rien à faire ici, » déclarait Vladimir.

Et, se débarrassant de sa cuirasse qui commençait à flamber, le Slave se jeta à plat ventre sur la plate-forme et regagna en rampant l’échauguette, Il était suivi de Rouletabille triomphant…

« Nous sommes sauvés ! s’écriait le reporter qui ne pouvait contenir sa joie ! Dites à Tondor que dans trois jours ou quatre au maximum, on viendra nous délivrer !… Ça lui fera plaisir, à ce garçon !… Allons, Vladimir, il faut faire part de cette bonne nouvelle à toute la garnison !… Vous pouvez même glisser un mot sous la porte des Allemands !…

— Monsieur, dit en se retournant Vladimir, laissez-moi contempler une dernière fois ma pauvre cuirasse !… et remerciez-la, car, sans elle, nous serions quatre fois morts !… »

À quelques pas de là, la fameuse cuirasse rendait, en effet, sa dernière flamme, et si haut qu’Athanase dut l’apercevoir et la prendre pour un signal des assiégés répondant au sien.

« Vous n’en direz pas de mal surtout ? demanda Vlaimir.