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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/146

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LE CHÂTEAU NOIR

— Ma foi, non ! je regrette seulement que nous n’ayons pas eu le temps de l’éteindre !

— Bah ! l’eau que j’avais montée ne sera pas perdue ! exprima Vladimir, en saisissant le seau et en l’élevant à hauteur de ses lèvres. Vous savez qu’il faisait chaud là-bas !… Quatre balles dans le dos, ça donne soif !…

— Quand tu auras fini, tu me passeras la timbale, » fit Rouletabille.

La nouvelle du succès de l’entreprise d’Athanase fut accueillie avec enthousiasme du haut en bas du donjon. Rouletabille cependant n’avait pas encore revu Ivana. Il était descendu dans la salle des gardes, dont le disque de fer, faisant communiquer le donjon avec les cachots du souterrain, était resté soulevé, après avoir livré passage à la jeune femme. Le reporter regardait le trou sombre au fond duquel, dans le moment même, devait se passer l’horrible chose.

Il n’osa point descendre.

Il attendit qu’Ivana reparût… Les minutes lui paraissaient, comme on dit, des siècles…

Enfin une tête surgit au ras des dalles ; on eût dit une tête de morte. Jamais il n’avait vu Ivana aussi pâle. Elle glissa hors du trou comme un spectre, comme une apparition de théâtre surgissant de sa trappe.

Il n’osait pas l’interroger. Du reste, elle paraissait aussi gênée que lui.

« Eh bien ! finit-elle par lui demander d’une voix blanche, vous avez vu Athanase ? »

Il fit signe que oui.

« Il a réussi ?

— Oui, il a réussi…

— Je vous disais que c’était sûr ! Il est porté par une idée qui le fera triompher de tout !… »

Il y eut un silence, puis elle répéta lugubrement :

« De tout !… »

Et, disant cela, elle appuyait sa main sur le bras de Rouletabille.