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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/23

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OÙ L’ON VOIT APPARAITRE…

prenait maintenant !… Tant de notes mystérieuses qui ne pouvaient être que des aide-mémoire pour celui qui les avait tracées et rester lettre-morte pour tout indiscret qui aurait pu mettre le nez dans le précieux livre, prenaient toute leur signification maintenant, après la conversation des deux compères !…

Ces noms propres et ces adresses… ces initiales… c’était le complot, tout cela !… c’était la liste des conspirateurs !… et tous ces chiffres et ces petits plans… ces carrés, ces losanges, ces parallélépipèdes se succédant de page en page, ici avec un point d’interrogation et là avec un point d’exclamation !… mais tout cela c’était… c’était… les recherches de Gaulow autour de la chambre du trésor !… Il avait un joli toupet de prétendre qu’il n’y croyait pas !…

Précieux agenda !…

Comme Rouletabille se félicitait d’avoir pu garder pour lui, tout seul, le secret de sa trouvaille dans le parc du général Vilitchkov !… Plusieurs fois, il avait été sur le point d’en parler au général Stanislawof d’abord, à Athanase ensuite… et de le leur soumettre, pensant qu’ils y trouveraient tout de suite des choses que son ignorance de l’Orient et des langues orientales ne lui permettait pas de comprendre immédiatement…

Et puis, au dernier moment, il avait toujours été retenu… par le pressentiment qu’un pareil carnet tombé d’une pareille poche (celle de Gaulow) pourrait être un jour très utile à celui qui le déchiffrerait… et qu’il lui serait surtout une arme si tout le monde continuait d’ignorer qu’il la possédât…

Aujourd’hui, il était bien récompensé, car il n’était pas possible que les secrets de ce carnet-là ne l’aidassent point dans l’aventure formidable où il était engagé avec Ivana ! avec Ivana que se disputaient Abdul-Hamid qui espérait devenir son maître, Gaulow qui se prétendait déjà son époux, Athanase qui se prétendait son fiancé et lui, Rouletabille, qui était sûr d’être le seul aimé ! et, par