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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/24

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LE CHÂTEAU NOIR

conséquent, qui n’était pas loin, surtout depuis cinq minutes, de se croire le plus fort !

Après un dernier coup d’œil donné à cette partie du Château Noir et aux courtines qui montaient du côté du haremlik, il se résolut enfin à redescendre et à regagner la « bergerie » où il avait laissé La Candeur et Vladimir. Mais il ne retrouva point les reporters dans cette cour et, du reste, ne s’attarda point à les rechercher.

Il reprit hâtivement le chemin du donjon au milieu de la cohue des gardes qui faisaient grand tapage dans la bâille. Mais à l’hôtel des Etrangers, Rouletabille constata avec plaisir que c’était grand calme et que nul ne songeait à venir troubler la paix des voyageurs.

Dans la salle des gardes, Modeste ronflait : Tondor cousait des galons d’argent à son habit, comme il en avait vu à celui du majordome de la karakoulé ; enfin, au premier étage, dans les chambres, Rouletabille tomba sur Vladimir et sur La Candeur qui, à son aspect, se mirent une fois de plus à « étudier le terrain des opérations et à regarder l’heure à la montre ».

Trop d’objets sollicitaient l’activité du reporter pour qu’il daignât s’étonner une fois de plus d’une attitude qui l’avait déjà intrigué, et il donna l’ordre aux deux jeunes gens d’aller lui chercher aussitôt M. Priski. En même temps, il commanda à Modeste, qu’il avait réveillé, au passage, d’un solide coup de pied dans la partie la plus charnue de son individu (Modeste dormait sur le ventre), de préparer un excellent déjeuner pour le majordome du Pacha noir.

M. Priski fut monté, déficelé, frictionné, réchauffé, cajolé, choyé au possible. Il en avait les larmes aux yeux.

« Qu’est-ce que vous allez encore me demander ? exprima-t-il avec une certaine défiance, car l’expérience l’avait instruit.

— Monsieur Priski, commença Rouletabille, en le faisant asseoir à la table que Modeste avait recouverte de ses conserves les plus appétissantes, monsieur Priski, je