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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/25

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OÙ L’ON VOIT APPARAITRE…

vais vous demander de me faire l’honneur d’accepter ce modeste repas. Et, pendant que vous mangerez, comme nos minutes sont précieuses, vous aurez la bonté de suivre sur ce mur blanc, le tracé que je vais faire à l’aide de ce charbon noir. »

Sur quoi Rouletabille dessina sur la muraille le plan de la karakoulé, avec ses cours, ses bâtiments, ses murs, ses diverses enceintes.

« Est-ce à peu près cela ? demanda-t-il à M. Priski quand il eut achevé toute cette géométrie.

— C’est tout à fait cela, soupira M. Priski, la bouche pleine.

— Vous ne voyez point quelque petite erreur à relever ?

— Ma foi, non !

— Le haremlik et le selamlik sont bien placés par rapport l’un à l’autre ?

— Mon Dieu ! oui !…

— Eh bien, monsieur Priski, vous allez me marquer avec ce charbon la place exacte où se trouvait, dans le harem, l’appartement de l’ex-première kadine que l’on a remis ces jours-ci entièrement à neuf (je parle de l’appartement) pour qu’il puisse être étrenné ce soir par Ivana Hanoum ? »

M. Priski se leva, prit le charbon des mains de Rouletabille et alla faire une croix à un point extrême du plan. Puis il revint s’asseoir après avoir rendu au reporter son « crayon ».

« Merci ! fit Rouletabille, je vous crois trop intelligent, monsieur Priski, pour mettre, une seconde, en doute votre bonne foi. »

M. Priski leva les yeux au ciel comme pour l’attester de ses excellentes intentions à l’égard d’un étranger qui lui faisait servir un aussi excellent déjeuner, dans une une aussi méchante circonstance.

Cinq minutes plus tard, M. Priski était redescendu au fond de son trou et Modeste était chargé de sa garde particulière.