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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/27

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LES NOCES D’IVANA HANOUM

le dernier duvet. Les crèmes de santal, de rose et de jasmin étaient apportées par d’autres, qui travaillaient à genoux. Enfin, vinrent le rouge et le tale, pour donner à la peau l’onctueux de l’ivoire poli.

Ces soins délicats terminés, on cercla d’anneaux d’or les chevilles, les jambes et les bras de la belle fiancée. On attacha à son cou un collier de quatre rangs de perles, et à ses oreilles des pendeloques du plus bel orient. Les doigts du pied et de la main disparurent sous les bagues de diamants, de rubis, d’émeraudes et de turquoises.

On lui natta sa longue et luxuriante chevelure, que l’on couvrit du tarbouche.

On lui fit revêtir un caleçon de satin rose aux larges plis et ne tombant que jusqu’au genou ; on lui fit passer une tunique bleue, également de satin, ajustée à la taille, très échancrée sur le sein, soutachée d’argent et brodée de semences de perles. Un cachemire blanc de la plus grande finesse lui ceignit les reins. Les manches de la tunique étaient fendues laissant voir la blancheur des bras emprisonnés dans les cercles d’or.

Quand elle fut ainsi habillée et parée, Ivana dut se laisser conduire par la maîtresse des cérémonies jusqu’au harem qui communiquait avec la tour de l’Ouest par une porte basse.

Une troupe d’esclaves l’attendait dès le seuil et la saluèrent à genoux. Elle fut presque aussitôt introduite dans une grande pièce appelée le divan, qui était garnie du meuble circulaire connu sous le même nom et qui donna également ce nom à tous les genres de réunion qui s’y tiennent.

À la vue de la belle jeune fille, une vingtaine de femmes nonchalamment accroupies, soit sur le divan, soit sur des nattes de jonc, soit sur de magnifiques tapis de Perse, se levèrent en tumulte, quittant leurs narghilés au long bout d’ambre, et, se pressant avec une ardente curiosité et des exclamations de joie autour de la nouvelle arrivée.

« Une Françaoni ! » s’écrièrent-elles…