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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/29

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LES NOCES D’IVANA HANOUM

taire d’un bey, la cetti porte-chibouk, la cetti porte-café, et, en remontant dans le rang, l’effendicetti (la savante, celle qui s’occupe des écritures). À chacune de ces fonctions étaient attachés des honneurs, de la considération et une portion d’autorité.

Toutes ces femmes s’empressaient autour d’Ivana, examinant son habillement, ses bijoux, lui faisant des compliments et l’assaillant de questions.

Ivana souriait vaguement et ne répondait pas ; mais elles n’avaient pas l’air de s’en apercevoir.

Sur ces entrefaites, la yen-khieh-kadine se leva et entraîna Ivana et ses esclaves dans un boudoir où étaient préparés la robe et les joyaux de la mariée.

Ivana ne marqua aucun étonnement, aucun énervement de se voir à nouveau entre les mains des femmes. Si elle avait cru en avoir terminé avec les exercices de la toilette, la maîtresse des cérémonies lui fit comprendre que le costume dont on l’avait vêtue pour son entrée au harem ne pouvait servir pour la cérémonie. La jeune fille, que tant de gestes autour d’elle auraient pu avoir agacée, ne protesta point cependant ; sans doute était-elle décidée à laisser couler les événements de cette journée avec calme et un certain fatalisme.

On la dévêtit donc et on lui passa une longue robe brodée d’or et garnie d’une grosse frange autour de la jupe ; la maîtresse des cérémonies lui affirma que cette robe, délicate attention de Kara Selim, était sortie des ateliers d’une des meilleures maisons parisiennes de Constantinople. Ce vêtement avait deux longues traînes, qui furent tenues par deux esclaves circassiennes d’une beauté et d’une grâce remarquables.

Le bonnet aux sequins fut remplacé par un lourd diadème de diamants, et l’on ajouta aux bijoux dont Ivana était déjà couverte ceux qui avaient été enfermés soigneusement dans la chambre du trousseau.

Parée de cette façon, Ivana, dont le visage avait été enveloppé non point du yasmak ordinaire, mais d’un