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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/35

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LES NOCES D’IVANA HANOUM

vous pourrez avoir besoin et ce coffret byzantin dont vous avez tant envie. »

Elle le remercia et il s’éloigna, car un eunuque venait au-devant de lui et faisait signe qu’il avait une communication pressante à lui faire. On venait alors lui annoncer l’arrivée de Kasbeck, et, aussitôt, il quitta sa jeune épouse, laquelle, le voyant s’éloigner, poussa un profond soupir de soulagement.

Cependant, la foule curieuse des femmes l’entourait, et elle dut rester exposée ainsi à leurs regards, à leurs remarques, et quelquefois à leurs quolibets, pendant plus de deux heures. Elle étouffait. Elle eût voulu se lever, respirer un autre air que celui-ci, qui était surchargé de parfums ; mais la terrible kadine était là qui veillait à ce qu’elle ne fit aucun mouvement qui ne fût permis par le cérémonial.

Enfin, on ouvrit la porte de la chambre du trousseau, et toutes les kadines et les invitées venues du dehors s’y précipitèrent.

On peut s’imaginer qu’il y eut de nombreux cris d’admiration dans la chambre du trousseau d’Ivana. Le seigneur Kara Selim devait avoir bien fait les choses. Cependant, beaucoup de ces dames sortirent du djeissodassi avec des rires et des réflexions désobligeantes, qu’elles exprimèrent assez haut pour que la nouvelle mariée, toujours assise sous son dais comme une idole, les entendit.

« Il y avait dans cette chambre, disaient-elles, de grandes richesses, mais elles ne leur étaient pas inconnues. Tous ces objets somptueux avaient déjà servi à la dernière kadine favorite, celle dont Ivana venait prendre la place. »

Et, à propos de cette kadine, les unes se racontèrent à l’oreille, mais toujours assez haut pour être entendues de la fiancée, qu’on ne la reverrait plus, car elle s’était montrée si insupportable à la suite de sa disgrâce que Kara Selim, pour s’en débarrasser, n’avait pas hésité, la