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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/56

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LE CHÂTEAU NOIR

l’entendre comment il s’était échappé des caves du donjon où ces messieurs avaient eu la prétention de le retenir prisonnier.

Mais ces messieurs avaient eu la malencontreuse idée, tout à l’honneur de leurs sentiments humains, du reste, de lui offrir à déjeuner, et il avait profité de ce que ces messieurs étaient fort occupés, pendant ce déjeuner, à considérer un plan de la Karakoulé qu’ils avaient tracé sur le mur, pour soustraire sur la table un couteau qu’il avait dissimulé dans sa manche, et dont il s’était servi ensuite, quand il avait été redescendu dans le souterrain, pour couper les liens dont on l’avait précautionneusement saucissonné, et cela en dépit de la garde de Modeste, lequel s’était, une fois de plus, endormi.

Il avait fallu à M. Priski de la patience et quelques heures d’un difficile travail, mais enfin, avec de la volonté et un peu de bonne humeur (et M. Priski ne manquait ni de l’une ni de l’autre), on arrive à bout de tout.

S’étant ainsi libéré et ayant, par un effort surhumain, soulevé la dalle de bronze de la salle des gardes, dans le moment que Modeste ronflait avec une encourageante sonorité, il ne trouva plus personne pour l’arrêter sur son chemin qui était court. Il avait été vite hors du Donjon et avait couru tout dire à Kara Selim. Celui-ci lui avait aussitôt promis force présents.

M. Priski avait donc bien des raisons d’être content de lui et manifestait surtout sa satisfaction en plaignant avec amertume ces messieurs de l’entêtement qu’ils avaient pris à ne point suivre ses conseils.

Ils s’étaient crus plus forts que la Karakoulé et ils avaient cru pouvoir jouer avec elle, mais la Karakoulé est plus forte que tous et ne laisse partir ses hôtes que lorsqu’elle le veut bien. Mon Dieu ! M. Priski le leur avait assez répété !…

Quand M. Priski fut au bout de son bavardage, de son souffle et de sa salive, La Candeur, qui, lui, l’avait écouté du commencement à la fin, bouche bée et avec des signes,