Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
COMMENT ROULETABILLE ÉTAIT MORT

manifestes d’approbation, La Candeur laissa échapper un soupir et d’une voix dolente :

« Monsieur Priski, s’il n’avait tenu qu’à moi, nous n’en serions pas où nous sommes. Mais qu’est-ce qu’on va faire de nous ?

— Mon cher monsieur, tout cela dépend des ordres que le maître de céans aura donnés au seigneur Stefo.

— Je crains bien, émit La Candeur, que nous ne puissions plus faire d’ici longtemps un pas sans être accompagnés.

— Il y a des chances pour qu’on vous surveille, répondit évasivement M. Priski.

— Est-ce qu’on va nous reconduire au donjon ?

— Je ne le pense pas. Le donjon est un hôtel libre, comme je vous l’ai déjà fait entendre, et vous avez perdu par la manière dont vous vous êtes conduits depuis que vous êtes arrivés ici, le droit de rester, pendant votre captivité, dans un hôtel libre, répliqua encore M. Priski avec un grand sérieux, Vous avouerez, du reste, que vous ne l’avez pas volé !

— Sans doute, Monsieur Priski, sans doute…

— Cependant, il se peut que l’on vous reconduise au donjon… je veux dire dans le chemin de ronde du donjon, reprit M. Priski avec un effort visible, dans le cas où vous devriez être exécutés.

— Hein ?

— Je ne vous en parle que par humanité et parce qu’il faut tout envisager dans votre situation… Oui, c’est dans ce chemin de ronde-là qu’ont lieu, ordinairement, les exécutions !… »

Rouletabille qui était plongé dans un rêve un peu comateux, en fut tiré par un poids énorme qui s’abattait sur son épaule. C’était La Candeur qui n’avait plus la force de se soutenir.

Le premier reporter de l’Époque secoua son ami :

« Qu’est-ce qu’il te prend ? Qu’est-ce qu’il y a, La Candeur ?… Eh ! La Candeur !… Eh bien ! La Candeur !… »