Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
LE CHÂTEAU NOIR

M. Priski était allé trouver Stefo le Dalmate qui commandait déjà à ses hommes étendus sur les pavés de se relever et de le suivre, avec les prisonniers.

M. Priski revint tout de suite.

« Ça y est ! dit-il.

— Qu’est-ce qui y est ? demanda Rouletabille.

— Kara Selim a donné l’ordre de vous reconduire au donjon !

— Ah ! mon Dieu ! sursauta La Candeur.

— Oui… Kara Selim a donné l’ordre que l’on fusille tous les prisonniers !… »

La Candeur s’évanouit et n’eut point ainsi la satisfaction d’entendre la fin de la phrase de M. Priski :

« Tous les prisonniers, excepté le neveu de M. de Rothschild ! »

Mais Rouletabille, lui, avait tout entendu et criait, aux oreilles de La Candeur :

« Excepté le neveu de M. de Rothschild. Excepté le neveu de M. de Rothschild ! »

Si bien et si fort que le pauvre La Candeur finit par entendre et rouvrit les yeux en souriant à la vie.

Sur quoi, l’homme qui parlait si bien français et qui avait des airs de chapelain s’approcha des deux jeunes gens.

« Il vient m’apporter le secours de la religion ! pensa Rouletabille. Ma foi, je ne le connais pas… j’aime mieux aller en enfer !

— Messieurs, dit l’homme en montrant Stefo le Dalmate, notre kaïmakan s’énerve et me charge de vous dire que si vous ne voulez pas suivre ces soldats de bonne volonté, il va vous faire emporter de force.

— Tu vois de quoi nous avons l’air ! s’écria Rouletabille, nous avons l’air d’avoir peur de mourir !…

— Tu as raison, dit La Candeur ; reprenons notre sang-froid… »

Et il se souleva sur les genoux et puis se mit sur ses pieds. Il tremblait comme une feuille.