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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/59

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COMMENT ROULETABILLE ÉTAIT MORT

« Allez dire à votre « caïman », fit-il, à cette espèce de chapelain, que nous sommes prêts à le suivre et que nous n’avons re peur de mourir ! »

Mais il le retint soudain par la manche :

« Quarante mille francs pour vous, dit-il, si vous nous faites évader ! » Mais le chapelain s’en alla comme s’il n’avait pas entendu ou comme s’il n’avait pas compris !

« Qu’est-ce que tu lui racontes ? demanda Rouletabille, Où irais-tu les chercher les quarante mille francs ? »

Mais La Candeur n’eut pas le temps de répondre.

À ce moment ils furent poussés hors du corps de garde par les soldats de Stefo.

La Candeur pâlit, claqua des dents mais maîtrisa suffisamment son émotion pour pouvoir appeler à lui M. Priski qui goguenardait avec Stefo le Dalmate à quelques pas de là.

« Monsieur Priski ! Monsieur Priski !

— Monsieur le neveu de M. de Rothschild ?

— Je désirerais dire un mot très pressé à ce monsieur qui était là tout à l’heure et qui parle si bien français.

— Monsieur, ce ne sera pas difficile, vous allez le voir tout de suite. Il nous a précédés sur le lieu de l’exécution ! »

La Candeur eut un éblouissement, mais il vit devant lui son petit ami Rouletabille qui le regardait si tristement mais avec un si calme et si navrant sourire qu’il eut honte de sa faiblesse et de sa lâcheté.

« Monsieur Priski !…, courez dire à votre maître que mon oncle donnera au moins deux millions pour notre rançon à tous !

— Au point où tu en es, promets-en trois ! lui souffla Rouletabille.

— Trois millions ! quatre millions ! » sanglotait La Candeur.

Mais bientôt il se tut, car on lui donnait de grands coups de crosse dans les reins. Le mot d’ordre était qu’il fallait éviter le scandale et ne point attirer l’attention des