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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/60

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LE CHÂTEAU NOIR

invités qui étaient venus se réjouir à la Karakoulé en un si beau jour.

Les premières ombres de la nuit enveloppaient déjà le donjon quand la sinistre troupe, conduite par Stefo, pénétra dans le chemin de ronde avec ses prisonniers. Ils trouvèrent là une cinquantaine de soldats devant le pont-levis et la porte du donjon. Ces soldats paraissaient, ma fois, fort embarrassés. Ordre leur avait été donné d’entrer dans le donjon en silence et d’y exécuter avec le moins de bruit possible tous les prisonniers, ceux qui se trouvaient avec eux et ceux qui étaient restés dans le donjon.

Fort habilement, le « chapelain » de la Karakoulé, le monsieur qui parlait si bien français, était entré d’abord tout seul dans le chemin de ronde, avait franchi le pont-levis et s’était disposé à pénétrer dans la salle des gardes quand la lourde porte doublée de fer lui avait été subitement fermée au nez !

Alors il avait appelé ses hommes, et, après avoir essayé vainement de parlementer à travers l’huis, il avait fait apporter des barres de fer et des pioches, avec lesquelles on se disposait maintenant à enfoncer la porte.

À une meurtrière du second étage, la tête rousse et fulgurante du Hambourgeoïs passait et vomissait un torrent d’injures et de menaces que personne ne comprenait, excepté M. Priski, qui venait d’arriver, et qui accourut pour se rendre compte de la situation.

« Oh ! vous ne viendrez pas à bout de cette porte-là, dit-il que par la poudre ! Il faut la faire sauter avec de la poudre ! Et encore il faudra que la « mine » soit bien faite !…

Sur quoi le « chapelain » lui répliqua qu’il y avait pensé mais qu’il avait renoncé à ce moyen-là à cause du bruit.

« Alors, dit M. Priski, le mieux serait d’attendre à demain. Demain, tous les invités auront quitté la Karakoulé et nous aurons vite fait de nous rendre maîtres du