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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/77

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LE TIROIR SECRET

cernant ses raisons à elle de tenir tant à ce fatal coffret, se rapportassent uniquement aux armes qu’elle eût pu trouver là-dedans pour se délivrer ou pour se venger ! Mais alors, si elle pouvait être sûre de cela ; si elle pouvait encore se rapprocher de ce coffret que Gaulow ne redoute plus, si elle pouvait s’assurer de la présence des documents, elle pourrait en faire tenir encore la nouvelle au tsar, par Athanase qui certainement était encore libre, lui, et dont Gaulow ne devait même pas soupçonner l’arrivée à la Karakoulé puisqu’il n’avait pas prononcé son nom.

Ah ! comme elle regrettait maintenant de s’être évanouie au moment où Gaulow, lui-même, lui avait proposé de faire apporter le coffret débarrassé de ce qu’il croyait être son plus dangereux contenu…

… Mais que dit Gaulow, maintenant ? Que fait-il ?… Il se lève… il donne des ordres !… Il raille toujours, mais quelle douce raillerie est la sienne au cœur d’Ivana qui espère !… qui espère !… Il ordonne qu’on apporte le coffret… Il prétend qu’il n’est point un méchant homme et qu’il ne saurait priver plus longtemps sa jeune femme de si intéressants souvenirs de famille…

« Moins la croix-poignard et les longues aiguilles avec lesquelles vous auriez pu vous blesser, ma chère Ivana, vous retrouverez ce coffret tel qu’il a été emporté de chez vous !… Le voilà, ce bienheureux coffret… je vous avais promis de vous le redonner le soir de nos noces !… j’ai exécuté, moi, ma promesse… À vous, maintenant, d’exécuter la vôtre… et puisque j’ai comblé vos vœux, je vous prie maintenant de vous montrer l’aimable femme de l’aimable Kara Selim !… Nous avons assez joué comme cela au loup et à la louve, Ivana Ivanovna », conclut-il sur un ton de grosse menace.

Ivana Ivanovna n’a d’yeux que pour le coffret, apporté par deux esclaves qui le déposent non loin de la fenêtre… de la fenêtre sur laquelle Gaulow a tiré à nouveau le rideau…