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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/78

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LE CHÂTEAU NOIR

Les esclaves déposent l’objet sur le tapis et s’en vont.

Et voici le coffret entre Ivana et Kara Selim.

Tous deux le regardent avec des sentiments bien différents. Kara Selim est goguenard : Ivana Ivanovna sent son cœur battre sa poitrine à la rompre.

C’est un coffret en bois, grand comme une petite malle, orné de toutes sortes de bariolures, avec des dessins de clous dorés, d’arabesques creusées avec le fer rougi…

… C’est à ce coffret-là qu’était allée la dernière pensée du général Vilitchkow, quand il était tombé sous les coups de Gaulow, de Stefo le Dalmate et de leurs soldats…

« Eh bien ? fit Gaulow… Il est à vous ! Vous êtes contente ?…

— Oui », répond, de la tête, Ivana…

Et elle se lève… elle veut en faire le tour… voir s’il n’a pas été brisé dans quelque coin…

Elle se lève donc et elle a la force de jouer la comédie… Elle fait l’enfant gâtée qui oublie toutes ses peines devant le jouet promis… Elle a la force de murmurer :

« Il est si vieux ! Nous l’avions depuis si longtemps dans la famille ! C’est un vieil ami ! »

On dirait qu’elle a tout oublié depuis qu’elle a retrouvé son coffret. Elle fait la petite fille. Les jeunes femmes n’ont-elles pas de ces faiblesses ? Gaulow s’y laissera prendre.

Et elle se décide à ouvrir le coffret ; elle tend déjà la main vers la serrure…

« Et la clef ? fait Gaulow… qui est-ce qui a la clef ? qui est-ce qui va demander gentiment la clef au terrible Gaulow ? »

En même temps, il lui montre, du bout des doigts, la clef, la petite clef, chef-d’œuvre de vieille serrurerie qui orne le coffret !

Ivana la reconnait…

« C’est une chance, Ivana, explique Kara Selim, que