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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/86

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LE CHÂTEAU NOIR

jusqu’au bout, n’a pas pu remplacer les plans de mobilisation par quelques papiers de son invention et de sa cruelle fantaisie !…

Cette caisse est solide comme du fer : Ivana n’eût pu la briser qu’en réveillant tout le harem !…

Et voilà Rouletabille qui, soulevant le rideau, apparaît :

« C’est fait ! dit-il, en regardant l’heure à l’énorme oignon qui ne le quitte jamais. Ce brave Kara Selim a dit : dix minutes ! nous avons encore cinq minutes devant nous, s’il n’est pas trop pressé !… Laisse donc ton coffret, nous avons le temps de l’emporter, nous allons le descendre jusqu’à la corniche. Une fois que nous allons être arrivés sur le roc, nous tournerons au coin de la tour du Sud-Ouest et là on ne peut plus nous atteindre ; à moins qu’on n’ait découvert le chemin par où je suis venu ! Ah ! la voilà donc la fameuse Sophie ! »

Il venait de l’apercevoir pour la première fois. Il se jeta à genoux et la considéra attentivement de tout près comme s’il avait été extrêmement myope.

« Le dessin et la couleur en sont très effacés, fit-il ! Je parie ne ne se sont aperçus de rien !…

— Dépêchons-nous, Zo, au nom du ciel ! Il peut revenir, nous n’avons pas une minute à perdre !

— Si ! nous avons cinq minutes ! Ah ! si je pouvais trouver le secret du tiroir, on n’aurait pas besoin d’emporter ce coffret encombrant !… »

Et lui aussi se mit à le tâter, à le manipuler dans tous les coins, à scruter cette malle maudite !… Mais il finit par un geste qui lui était coutumier quand il ne trouvait point ce qu’il cherchait : par s’arracher les cheveux !

« Certainement, dit-il, cette taie sur l’œil de Sophie n’a pas été mise là pour des prunes ! »

Et il appuyait, du pouce, sur l’œil malade de Sophie… Il essayait de faire glisser cette pupille voilée. Hélas ! rien ne cédait sous son doigt !

Derrière lui, Ivana, affolée, gémissait.