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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/87

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LE TIROIR SECRET

« Partons, partons ! Il me semble que je l’entends !

— Tu n’entends rien du tout, puisque je n’entends rien !… Un peu de patience, que diable !… Attends, il me semble que je vois quelque chose là… sous la taie, on perçoit, oh ! à peine… mais tout de même… tu ne vois pas !… On distingue le petit point d’or de la pupille… C’est drôle, il me semble que je ne vois plus sur ta Sophie, sur toute ta Sophie, re ce petit point d’or-là… »

Et il appuya plus particulièrement sur ce point d’or de la pupille… mais rien encore ne bougea.

Il se releva en s’essuyant le front. Il n’avait rien trouvé, mais il s’efforçait de lui cacher son désappointement.

« Ah ! ton coffret byzantin ! ajouta-t-il en le soulevant par un des anneaux de cuivre, ce que je me suis fait des cheveux dedans !… J’ai bien cru un moment que c’était fini et que ce cher seigneur avait renoncé à le faire transporter dans ta chambre ! Je me la rappellerai, ma nuit byzantine ! »

L’incorrigible gamin bavardait pendant qu’elle l’aidait à porter sa caisse, en claquant des dents à cause de la peur qu’elle avait que la porte, là-bas, derrière eux, ne s’ouvrit !…

Enfin, ils furent avec leur fameuse caisse, contre les barreaux qui ne pouvaient plus les empêcher de passer maintenant…

« Attends un peu que je saisisse la corde ! » fit-il.

Et il se pencha au dehors et parvint assez facilement à attirer à lui la corde qui était toujours attachée à la cheminée et que Kara Selim avait défendu d’enlever pour avoir la joie mauvaise de montrer à Ivana « le chemin par où elle aurait pu s’évader si Rouletabille n’était pas mort ! »

La nuit était très sombre. Le vent soufflait, balançant la corde. On entendait, en bas, le mugissement du torrent.

Rouletabille attira Ivana à lui.

« Toi d’abord, dit-il. Je vais t’attacher. Quand tu sen-