Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/162

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— C’est ce que je dis toujours à mon mari, Monsieur, fit entendre Mme Lalouette, et c’est là l’objet de nos ordinaires discussions. Mais il a fini par me comprendre et sur le Bottin de l’année prochaine on ne lira plus M. Gaspard Lalouette, marchand de tableaux, expert-antiquaire, mais M. Gaspard Lalouette, collectionneur.

— Madame ! s’écria M. Hippolyte Patard, enchanté, madame, vous êtes une femme supérieure. Il faudra mettre cela aussi dans le Tout-Paris.

Et il lui baisa la main.

— Oh ! sûrement, répondit-elle, quand il sera de l’Académie.

Il y eut un court silence et puis des petites toux. M. Hippolyte Patard jeta un coup d’œil sévère sur tout le monde et, avec autorité, s’empara d’un siège.

— Asseyez-vous tous, ordonna-t-il. Nous allons causer sérieusement.

On obéit. Mme Lalouette roulait entre ses doigts sa grosse épaisse chaîne d’or. À côté d’elle, M. Gaspard Lalouette fixait M. le secrétaire perpétuel avec, dans le regard, cette anxiété spéciale aux élèves un peu cancres qui