Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/317

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parut relativement calme et l’on voyait qu’il avait occupé ces quelques minutes à reprendre ses esprits, mais par un phénomène dont nous ne pouvions comprendre la raison, dès qu’il aperçut le jeu de cartes sur la table, sa figure se transforma immédiatement et prit une telle expression d’épouvante et de fureur que j’en fus moi-même effrayé.

— Des cartes ! s’écria-t-il… Vous aviez des cartes !…

Allan se levait, aimable :

— Nous avons décidé de ne point nous coucher, notre cher hôte… Nous sommes, nous autres, d’affreux noctambules qui n’avons point coutume de retrouver notre lit avant l’aurore. Alors, en attendant, nous jouons… oui, une petite partie d’amis… le poker ?… Vous ne connaissez pas le…

Mais Allan s’arrête… Il vient d’être frappé, lui aussi, de l’aspect formidable de notre hôte. Nous ne le reconnaissons plus, tant, instantanément, il a vieilli… On lui donnerait cent ans… ou plutôt il a l’âge de ceux dont on ne compte plus les années… ses yeux sont injectés de sang… les poils de sa maigre moustache sont hérissés… ses dents sont menaçantes… sa bouche crispée siffle :