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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/320

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VII


Mon nom ? Pourquoi vous dire mon nom ? C’est bien inutile, et cela ne fait point partie de tout ce qu’il faut que vous sachiez, pour vous servir. Il y a soixante ans, — j’entrais dans ma dix-huitième année, — j’étais plus que vous, Messieurs de Paris, audacieux et sceptique ; j’avais toute l’outrecuidance de la jeunesse. Je ne doutais de rien avec la prétention de nier tout ! Je ne doutais surtout point de moi ! La nature m’avait fait beau et fort, le destin m’avait mis entre les mains une fortune redoutable. Je fus l’homme le plus à la mode de mon temps. Messieurs, Paris, avec toutes ses joies, toutes ses splendeurs, toutes ses orgies, m’a appartenu pendant dix ans. Quand j’atteignis mes vingt-huit ans, j’étais à peu près ruiné. Il me restait deux ou trois cent mille francs et