Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/334

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tion en ouvrant la porte !… la phrase, Messieurs, la phrase écrite avec du feu, y était encore ! Elle était gravée dans les planches du fond ; elle avait brûlé les planches en s’y imprimant… et j’ai lu le jour, comme j’avais lu, la nuit, ces mots : TU GAGNERAS !

J’avais fait un bond hors de ma chambre, j’ai appelé ! Le père Appenzel est revenu. Je lui ai dit : « Regarde dans l’armoire ! et dis-moi ce que tu y vois ! » Mon serviteur regarda à son tour dans le meuble et me dit : « TU GAGNERAS ! »

Je m’habillai. Je m’enfuis comme un fou de cette demeure maudite : l’air de la montagne me fit du bien. Quand je rentrai le soir, j’étais tout à fait calme, j’avais réfléchi : mon chien pouvait être devenu muet par un phénomène physiologique tout naturel. Quant à la phrase de l’armoire elle n’était pas venue là toute seule, et comme je ne connaissais pas ce meuble auparavant, il était probable que les deux mots fatidiques se trouvaient là depuis des années innombrables, inscrits par quelque fétichiste, à la suite d’une histoire de jeu qui ne me regardait pas !… Je soupai, je me couchai dans la même chambre et la nuit se passa sans incident. Le lendemain je m’en fus à La Chaux-de-