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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/335

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Fonds, chez un notaire. Toute cette aventure hallucinante de l’armoire n’avait réussi qu’à me donner l’idée de tenter une dernière fois la chance du jeu, avant de mettre mes projets de suicide à exécution ; et je m’étais tout à fait nettoyé de la pensée du diable. Je pus emprunter quelques billets de mille sur les terres de la gentilhommière et je pris le train pour Paris. Quand je gravis l’escalier du cercle, je me souvins de mon cauchemar et me dis ironiquement, car je ne croyais guère au succès de cette suprême tentative : « Nous allons voir, cette fois, si, le diable aidant… » Je n’ai point achevé ma phrase. On mettait la banque aux enchères quand je pénétrais dans le salon. Je l’ai prise pour deux cents louis… Je n’étais pas arrivé au milieu de la taille que je gagnais deux cent cinquante mille francs !… Seulement, on ne pontait plus contre moi… oui, j’avais effrayé la ponte, car je gagnais tous les coups… J’étais radieux ; je n’avais jamais songé à la possibilité d’une chance pareille… Je donnai « une suite », c’est-à-dire que j’abandonnai la fin de la banque. Personne ne prit la suite. Je m’amusai alors à donner les coups pour rien, pour voir, pour le plaisir. Je perdis tous les coups ! Ce furent des exclamations sans fin.