Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/38

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Latouche, le seul qui nous reste, renonce maintenant à la succession de Mgr d’Abbeville !

M. le chancelier ouvrit des yeux effarés, mais il serra les mains de M. le secrétaire perpétuel :

— Oh ! Patard ! je vous comprends…

— Tant mieux ! Monsieur le chancelier ! Tant mieux !…

— Alors… vous n’ouvrirez votre courrier… qu’après…

— Vous l’avez dit, Monsieur le chancelier ; il sera toujours temps pour nous d’apprendre, quand il sera élu, que Martin Latouche ne se présente pas !… Ah ! c’est qu’ils ne sont pas nombreux, les candidats au Fauteuil hanté !…

M. Patard avait à peine prononcé ces deux derniers mots qu’il frissonna. Il avait dit, lui, le secrétaire perpétuel, il avait dit, couramment, comme une chose naturelle : le fauteuil hanté !…

Il y eut un silence entre les deux hommes. Au dehors, dans la cour, quelques groupes commençaient à se former, mais, tout à leur pensée, M. le secrétaire ni le chancelier n’y prenaient garde.

M. le secrétaire perpétuel poussa un soupir. M. le chancelier, fronçant le sourcil, dit :

— Songez donc ! Quelle honte si l’Académie n’avait plus que trente-neuf fauteuils !