Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/60

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doucement, ouvrit l’un des volets intérieurs qui fermaient la fenêtre. Alors, un pan de fenêtre apparut avec ses barreaux de fer ; et un peu de la lueur tremblotante du réverbère, abandonné sur le trottoir d’en face, ayant glissé à travers ces barreaux, la figure de Babette en fut doucement éclairée. M. le secrétaire perpétuel la regarda et fut rassuré, bien que toutes les précautions prises par la vieille servante n’eussent point manqué de l’intriguer, et même de l’inquiéter. Cette figure, qui devait être, dans certains moments, bien redoutable à voir, exprimait, dans cette sombre minute, une douceur apitoyée qui donnait confiance.

— Monsieur le Perpétuel, dit la Babette en s’asseyant en face de l’académicien, ne vous étonnez pas de mes manières, « je vous mets dans le noir » pour surveiller « le Vielleux ». Mais il ne s’agit pas de ça pour le moment… pour le moment je ne veux vous dire qu’une chose (et la voix de rogomme se fit entendre jusqu’aux larmes) : voulez-vous le tuer ?

Ce disant, la Babette avait pris dans ses mains les mains d’Hippolyte Patard qui ne les retira point, car il commençait d’être profondément ému par cet accent désolé qui venait du cœur en passant par l’Aveyron.