Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/61

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— Écoutez, continua la Babette, je vous le demande, Monsieur le Perpétuel, je vous le demande bien sincèrement, en votre âme et conscience, comme on dit chez les juges, est-ce que vous croyez que toutes ces morts-là, c’est naturel ? Répondez-moi, Monsieur le Perpétuel !

À cette question, à laquelle il ne s’attendait pas, M. le « Perpétuel » sentit un certain trouble. Mais, au bout d’un instant qui parut bien solennel à la Babette, il répondit d’une voix affermie :

— En mon âme et conscience, oui… je crois que ces morts sont naturelles…

Il y eut encore un silence.

— Monsieur le Perpétuel, fit la voix grave de Babette, vous n’avez peut-être pas assez réfléchi…

— Les médecins, madame, ont déclaré…

— Les médecins se trompent souvent, Monsieur… On a vu ça, en justice… songez-y monsieur le Perpétuel. Écoutez : je vais vous dire une chose… On ne meurt pas comme ça, tout d’un coup, au même endroit, à deux, en disant quasi les mêmes paroles, à quelques semaines de distance sans que ça ait été préparé !

La Babette, dans son langage plus expres-