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Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/16

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Me Henri-Robert rit autant que la sainteté du lieu lui permettait de rire ; mais moi je ne ris point, car je n’étais pas loin de penser comme Me Hesse. Certes ! j’étais à cent lieues de prévoir l’effroyable aventure qui nous menaçait ; mais, quand je me reporte à cette époque et que je fais abstraction de tout ce que j’ai appris depuis ― ce à quoi, du reste, je m’appliquerai honnêtement au cours de ce récit, ne laissant apparaître la vérité qu’au fur et à mesure qu’elle nous fut distribuée à nous-mêmes ― je me rappelle fort bien le curieux émoi qui m’agitait alors à la pensée de Larsan.

— Allons, Sainclair ! fit Me Henri-Robert qui s’était aperçu de mon attitude singulière, vous voyez bien que Hesse plaisante…

— Je n’en sais rien, répondis-je.

Et voilà que je regardai attentivement autour de moi, comme l’avait fait Me André Hesse. En vérité, on avait cru Larsan mort si souvent quand il s’appelait Ballmeyer, qu’il pouvait bien ressusciter une fois de plus à l’état de Larsan.

— Tenez ! voici Rouletabille, dit Me Henri-Robert. Je parie qu’il est plus rassuré que vous.

— Oh ! oh ! il est bien pâle ! fit remarquer Me André Hesse.

Le jeune reporter s’avançait vers nous. Il nous serra la main assez distraitement.