Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/182

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Une admirable bouillabaisse apportée toute fumante du restaurant des Grottes, qui possède la réserve la mieux fournie en rascasses et poissons de roches de tout le littoral, arrosée d’un petit « vino del paese » et servie dans la lumière et la gaieté des choses, contribua au moins autant que toutes les précautions de Rouletabille à nous rasséréner. En vérité, le véritable Larsan nous faisait moins peur sous le beau soleil des cieux éclatants qu’à la pâle lueur de la lune et des étoiles ! Ah ! que la nature humaine est oublieuse et facilement impressionnable ! J’ai honte de le dire : nous étions très fiers ― oh ! tout à fait fiers (du moins je parle pour moi et pour Arthur Rance et aussi naturellement pour Mrs Edith, dont la nature romanesque et mélancolique était superficielle) de sourire de nos transes nocturnes et de notre garde armée sur les boulevards de la citadelle… quand le vieux Bob fit son apparition. Et ― disons-le, disons-le ― ce n’est point cette apparition qui eût pu nous ramener à des pensers plus moroses. J’ai rarement aperçu quelqu’un de plus comique que le vieux Bob se promenant, dans le soleil éblouissant d’un printemps du Midi, avec un chapeau haut de forme noir, sa redingote noire, son gilet noir, son pantalon noir, ses lunettes noires, ses cheveux blancs et ses joues