Aller au contenu

Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une résolution subite ; je compris à ses yeux traversés d’un brusque éclair que quelque chose de considérable venait de se passer dans sa cervelle. Et il se pencha sur Arthur Rance. Celui-ci avait la main droite appuyée sur une canne à bec de corbin. Le bec en était d’ivoire et joliment travaillé par un ouvrier illustre de Dieppe. Rouletabille lui prit cette canne.

— Vous permettez ? dit-il. Je suis très amateur du travail de l’ivoire et mon ami Sainclair m’a parlé de votre canne. Je ne l’avais pas encore remarquée. Elle est, en effet, fort belle. C’est une figure de Lambesse. Il n’y a point de meilleur ouvrier sur la côte normande.

Le jeune homme regardait la canne et ne semblait plus songer qu’à la canne. Il la mania si bien qu’elle lui échappa des mains et vint tomber devant Mme Darzac. Je me précipitai, la ramassai et la rendis immédiatement à Mr Arthur Rance. Rouletabille me remercia avec un regard qui me foudroya. Et, avant d’être foudroyé, j’avais lu dans ce regard-là que j’étais un imbécile !

Mrs Edith s’était levée, très énervée de l’attitude insupportable de « suffisance » de Rouletabille et du silence de M. et Mme Darzac.

— Chère, fit-elle à Mme Darzac, je vois que vous êtes très fatiguée. Les émotions de cette