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XV

LES SOUPIRS DE LA NUIT



Deux heures du matin. Tout semble dormir au château. Quel silence sur la terre et dans les cieux ! Pendant que je suis à ma fenêtre, le front brûlant et le cœur glacé, la mer rend son dernier soupir et aussitôt la lune s’est arrêtée dans un ciel sans nuages. Les ombres ne tournent plus autour de l’astre des nuits. Alors, dans le grand sommeil immobile de ce monde, j’ai entendu les mots de la chanson lithuanienne : « Mais le regard cherchait en vain la belle inconnue qui s’était couvert la tête d’une vague et dont on n’a plus jamais entendu parler… » Ces paroles m’arrivent, claires et distinctes, dans la nuit immobile et sonore. Qui les prononce ? Sa bouche à lui ? sa bouche à elle ? ou mon hallucinant souvenir ? Ah çà ! qu’est-ce que ce prince de la Terre-Noire vient faire sur la Côte