Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/379

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et elle me suivit à la pêche aux palourdes. En route elle me confia que son oncle n’était point ennemi, de temps à autre, d’une petite fugue, et qu’elle avait, jusqu’à cette heure, conservé l’espoir que tout s’expliquerait par son retour ; mais maintenant l’idée recommençait à lui enflammer la cervelle d’une affreuse méprise qui aurait fait le vieux Bob victime de la vengeance des Darzac !…

Elle proféra, entre ses jolies dents, une sourde menace contre la Dame en noir, ajouta que sa patience durerait jusqu’à midi et puis ne dit plus rien.

Nous nous mîmes à pêcher les palourdes de Rouletabille. Mrs Edith avait les pieds nus ; moi aussi. Mais les pieds nus de Mrs Edith m’occupaient beaucoup plus que les miens. Le fait est que les pieds de Mrs Edith, que j’ai découverts dans la mer d’Hercule, sont les plus délicats coquillages du monde, et qu’ils me firent si bien oublier les palourdes que ce pauvre Rouletabille s’en serait certainement passé à son déjeuner si la jeune femme n’avait montré un si beau zèle. Elle clapotait dans l’onde amère et glissait son couteau sous les rocs avec une grâce un peu énervée qui lui seyait plus que je ne saurais dire. Tout à coup, nous nous redressâmes tous deux et tendîmes l’oreille d’un même mouvement. On entendait