Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/45

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yeux, jusqu’au fond de mon cœur, et il m’a dit :

— Vous allez tout savoir, Sainclair, vous allez en savoir autant que moi, et vous allez être aussi effrayé que moi, mon ami, parce que vous êtes bon, et que je sais que vous m’aimez !

Là-dessus, comme je croyais qu’il allait s’attendrir, il se borna à demander l’indicateur des chemins de fer.

— Nous partons à une heure, me dit-il, il n’y a pas de train direct entre la ville d’Eu et Paris, l’hiver ; nous n’arriverons à Paris qu’à sept heures. Mais nous aurons grandement le temps de faire nos malles et de prendre, à la gare de Lyon, le train de neuf heures pour Marseille et Menton.

Il ne me demandait même pas mon avis ; il m’emmenait à Menton comme il m’avait emmené au Tréport ; il savait bien que dans les conjonctures présentes je n’avais rien à lui refuser. Du reste, je le voyais dans un état si anormal que, n’eût-il point voulu de moi, je ne l’aurais pas quitté. Et puis, nous entrions en pleines vacations et mes affaires du Palais me laissaient toute liberté.

— Nous allons donc à la ville d’Eu ? demandai-je.

— Oui, nous prendrons le train là-bas. Il